Comment j'ai conquis Broadway




SOMMAIRE
 

Acte 1 : PAS GRAND CHOSE

Scène 1 : Ambition
Scène 2 : Choisir
Scène 3 : La rencontre

(récitatif 1 - interlude 1).

Acte 2 : STARMANIE DÉPRESSIVE

Scène 1 : Lamentation
Scène 2 : Mourir
Scène 3 : Le départ

(récitatif 2, interlude 2).

Acte 3 : "ON S'APPELLE WITOLD BOLIK"

Scène 1 : Exaltation
Scène 2 : Trahir
Scène 3 : Le triomphe

(générique). 

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 (pas trop de notes, que des bonnes intentions)


Opéra-rock probable sur une corde et moins si affinités, à durée indéterminée (fragmentée en miniatures de moins d'une minute).

- C'est tout pour l'instant, mais il y a un résumé pour les gens pressés :



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LIVRET


PREMIER ACTE : PAS GRAND-CHOSE

Un endroit. Un moment de la journée.
A est le personnage principal, il joue de la guitare sur une corde, plutôt dans les graves.

1 - "Ambition" - prologue expéditif et désarmant



Je suis fermement déterminé à cesser de regarder passer
les trains - j'en ai assez d'être la gare et la voie ferrée
du succès
J'en ai assez aussi d'écrire
en prenant soin de ne jamais rien dire
Je me tiens prêt à dénoncer je ne sais quelle plaie
Je suis fermement déterminé à m'exprimer
et pour commencer
je vais...


A, le même endroit, après mûre réflexion.

2 - "Choisir" - chanson réversible (selon l'humeur on pourra mettre la phrase dans le sens qu'on veut, voire la limiter aux premiers mots tournant en boucle : "choisir de ne pas/ choisir", etc. A chaque module de la phrase correspond une note. Les deux impératifs sont : moins d'une minute et phrase de clôture.)

    choisir /de ne pas/    - cultiver                /--le ressentiment
                                   - regretter              /--les sentiments
                             re-  - cultiver
                                   - ressasser
                                   - se concentrer sur/--l''effondrement
              /d'oublier        - l'effondrement     /--des sentiments
                                                              /--ni ressasser
                                                              /--ressasser      
choisir d'oublier, je n'ai plus le temps.


3 - "La rencontre"

Le même endroit, à peine un peu plus tard.

A aperçoit une connaissance la salue et l'invite.
B (au métallophone diatonique) aperçoit donc la connaissance qui l'invite, la salue et lui répond.
(On note que B "ne peut pas" se joindre à A car c'est toujours le même interprète qui joue les deux personnages. Par ailleurs, jouer note pour note la mélodie de la guitare sur le métallophone diatonique n'est pas possible non plus - cette limite obligeant à des aménagements qu'on nomme fréquemment chez les musicologues comme "rigolos", c-à-d : "présentant un caractère rigolo".)
Dans la deuxième version non-minimale, ce sont les harmonies et les arrangements respectifs des couplets d'A et de B qui rendent la concorde impossible.

A - Tiens te voilà toi, comment ça va ?
B - Oui, me voilà moi ! Ma foi, ça va, et toi ?
A - Ma foi, ça va ; que dirais-tu d'un tour avec moi ?
B - Non, je ne peux pas.

Le suspense est à son comble. Comme j'aime les récitatifs et qu'il se prêtent très facilement au format "moins d'une minute", je pense qu'un chœur antique sur toy piano cassé ne va pas tarder à débouler. Son gimmick essentiel serait "Ah moi je m'en fous, tout me va".

 4 - Récitatif n°1 : "Catastrophe"

Le chœur antique déboule donc. Il fait ce qu'il peut.

- Moi non plus.
(bien que personne ne m'ait demandé mon avis - mais quoi, je suis le chœur antique d'une histoire où il ne se passe pas grand-chose : un type se pose des tas de questions, quelqu'un arrive et lui répond : non.
Broadway ne semble pas tout près mais on ne sait jamais
Débrouille toi avec ça mon gars (pour ce que je suis payé)
Du coup je m'octroie le droit de faire plusieurs notes à la fois
ou pas de notes du tout
et des blagues
et des effets sonores).
[variante non-minimale : "... de faire de longs solos de guitare"] 

(Fin du premier acte. Un interlude instrumental à venir ?)

5 - Interlude n°1
Celui-ci devait avoir pour titre "Drogue, sexe, violence ou sport ?" mais d'une, c'était trop long, et de deux, il serait bon de profiter de cet interlude sans paroles pour laisser respirer un peu nos héros.


DEUXIÈME ACTE : STARMANIE DÉPRESSIVE



En ville. Après.

1 - "Lamentation"

A n'a pas la grosse pêche. Comme l'indique la tierce majeure finale, ça devrait s'arranger sous peu.



Quand j'arrive en ville
j'y reste 18 ans.

Je finis par connaître un peu de gens...

mais nous nous sommes tous montrés aux autres si souvent
si décevants
que nous ne nous connaissons
plus tellement.

c'est un paradoxe amusant
paradoxalement
déprimant.

On the road. En plein deuxième acte.

2 - "Mourir"

Bon, rien ne s'arrange. B est complètement stone et désire embrasser le bitume. Le chœur antique opte pour une intervention musclée, qui n'a pour résultat que de renforcer la pessimiste cohésion des deux protagonistes. Ils entonnent leur premier duo.


B - Quant à moi
"M'étendre sur l'asphalte et me laisser mourir"
Ne me semble pas
une mauvaise idée.

Chœur antique  - Hé, s'il vous plaît, sans vous offenser
si l'on pouvait arrêter les références à Starmania ça m'arrangerait
vous ne me semblez décidément pas très motivés
pour la conquête de Broadway !

A et B  - Oui mais c'est le deuxième acte : tout ne peut que mal se passer,
tout ne peut
qu'empirer.
Sur les starting-blocks. In extremis.
3 - Le départ - version censurée


Pour des raisons techniques indépendantes de notre volonté, le résumé n'est pas disponible pour cette scène. Nous mettons par contre à votre disposition la version non-censurée du dialogue dans le livret.


B : comme c'était difficile de faire rentrer dans moins d'une minute la scène qui suit
je tiens à signaler qu'on a coupé au montage mes réparties.
Si ça me révolte ?
(Oui).
A - Vite, fais tes valises, on déménage !
(B - Hein ? où ça ?)
A - Loin, super loin !
Je t'expliquerai tout ça en chemin !
(B - Mais on sort ensemble ou quoi ?)
A - Plus ou moins,
Je t'expliquerai tout ça en chemin !
(B - Ne me dis pas qu'il s'est passé quoi que ce soit l'autre soir, je n'en ai aucun souvenir...)
A - Ne sois pas bégueule ! Dois-je te rappeler que nous n'existons pas vraiment ?
(B - Ce n'est pas que nous n'existons pas. Nous somme réduits à l'essentiel, à une note, à un trait - nous sommes stylisés. Un peu comme des haïkus de personnages, tu comprends ?)
A - C'est très intéressant et j'aimerais beaucoup parler de ça avec toi, mais pas là ! Nous n'avons pas le temps donc
Viens, fais tes valises, on déménage !
Je t'expliquerai tout ça en chemin !
B - oké.

Dans les couloirs de l'aéroport. Dans une grande perplexité.

4 - Second récitatif - "Ça a l'air bien"

Le chœur antique est dépassé par les évènements. Après une tentative d'analyse, il admet qu'il n'y comprend rien et s'en remet à la musique brésilienne, ou pas.



Alors là, j'avoue que ça va
un peu vite pour moi.
Ça a l'air bien mais je n'ai pas tout compris.
Que d'ellipses, que d'ellipses !
Remettons à plat tout ça :
C'est la Bérézina en ce début de deuxième acte : tout le monde ne fait que se plaindre (et citer starmania).
J'arrive et j'essaie d'y mettre le holà mais non,
Ces deux-là ne font que se liguer contre moi pour mieux pleurer ensemble.

Après en douce ils forment un ménage et les voilà partis en voyage.

Alors moi je sers à quoi ?
Comment résumer ce que je ne comprends pas ?

Si personne ne me dit rien, ne me reste qu'à faire
de la samba. (variante non-minimale : "du punk rock")

Interlude n°2 : One note and less than a minute samba

[This is] just a little samba, built upon a single note
All the notes are about to follow, but the root is still that note
Now this new one is the consequence of the one we've just been through
As I'm bound to be the unavoidable consequence of you

There's so many people who can talk [and] talk [and] talk and just say nothing, or nearly nothing,
I have used up all the scales I know and at the end I've come to nothing [or nearly nothing]

So I come back to my first note as I must come back to you
I will pour into that one note all the love I feel for you
Anyone who wants the whole show, ré mi fa sol la si do
He will find himself with no show, better play the note you know!

ou bien : One minute Sheena :

DERNIER ACTE : ON S'APPELLE WITOLD BOLIK

À bon port. Enfin.

1 - "Exaltation"

A et B sont à destination. Émerveillés, ils entonnent un duo, oublient le temps et nous posent la question : "Qu'est-ce que ça n'était ?". (Comme pour "Choisir", les vers peuvent être mis à la place qu'on veut, l'impératif étant cette fois-ci la NON-clôture).

Tout semble nouveau
Tout semble enfin
Nouveau
Ça n'était pas trop tôt

Des trottoirs
Des bâtiments
Des gens
Des lumières
Des officines* de restauration rapide
Des véhicules motorisés
Notamment des automobiles
Des portes giratoires
Des parcs
Des fleurs
Des animaux domestiques
De nouveaux bâtiments
D'autres gens
Des médias
Des producteurs
Des trottoirs
Des portes giratoires
Des officines de restauration rapide
Des véhicules motorisés
Notamment des automobiles

Tout semble nouveau
Tout semble enfin nouveau
Ça n'était...

_______
* Officine : "Endroit [...] où se préparent de mauvaises choses". http://fr.wiktionary.org/wiki/officine


Sur la corde raide. Ad hoc.

2 - "Trahir"

La réponse à "Qu'est-ce que ça n'était ?" est donc : "Qu'un engouement passager" (ou, pour la version non-minimale : "qu'un leurre"). Happés par les charmes de la grande ville et aveuglés par leur soif de réussite, B et A entament chacun dans leur coin une sympathique (quoiqu'un brin cynique) ode à la trahison. In extremis, le souvenir de leur rencontre leur fait réaliser que leur attachement profond, etc. 



 ...Qu'un engouement passager ! ... Qu'un leurre !

B - Trahir ses illusions n'est pas une mauvaise chose
Trahir ses déceptions c'est voir la vie en rose
Trahir ses préjugés c'est le début d'autre chose
Et trahir A est pour moi un choix qui s'impose

A - Trahir ses illusions n'est pas une mauvaise chose
Trahir ses déceptions c'est voir la vie en rose
Trahir ses préjugés c'est le début d'autre chose
et trahir B est un choix qui pour moi s'impose

Tiens, te voilà, toi ! Tu ne voulais pas nous trahir quand même ?

A et B : - Non... Je ne peux pas...

Sur scène. A guichets fermés.

3 et 4 - "Le triomphe", suivi d'une carte postale du chœur antique

Grand final et remerciements, suivi d'un tonnerre d'applaudissements.


"Quand on sait qui on est
La réussite c'est très surfait"

Merci à tous
On s'appelle witold bolik
Au métallophone : B
A la guitare : A
Le chœur antique est au Brésil
On espère que ça vous a plu
Merci à tous d'être venus

Merci à tous d'être venus.

1 commentaire:

  1. Si on m'avait appris à jouer du métalophone au lieu de la machine à écrire, j'aurais composé Comment j'ai conqui Broadway au lieu d'écrire mes bouquins.
    Georges Perec

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