Dialogo, 9

Oh ville urbaine aux faux airs de cité citadine peuplée de villomanes et oh d'autochtones
oh crypto-ville volatile vomissant du jargon
oh infrastructures
oh minuits
oh demains
oh ville de toi qui n'est même pas belle toute nue j'en suis certain
quoique je ne t'aie même pas vue que sous les voiles devant mes yeux que je t'ai mis dessus
ou mises je ne sais plus je ne voyais déjà pas bien ma cité cécité
oh ville de toi qui n'est même pas nue toute belle qui n'est même pas toi toute belle
oh ville vendue et jardins suspendus
oh babil babylonant oh babel papillonnant
voilà que j'écris t'as vu
voici que je t'écris encore pour te prouver que dés le départ je n'avais rien à te prouver ni à personne et à fortiori
rien à écrire pour le prouver que je n'avais rien
oh ville je n'ai rien
rien dans mon sac
je n'ai pas de ficelles oh ville
je préfère t'appeler oh ville
l'apostrophe me suffit oh ville
elle me fait sourire cochonne de ville
elle me remplit sacrée purée de ville
elle me folichonne et catapulte
elle me frôle l'insulte l'apostrophe
je crois que je m'en lasse oh ville
et sitôt que je crois m'en lasser oh ville
l'ho ville me relance comme un
cabinet de recouvrement
ou une parade érotique
les deux
participent du même mouvement
m'énerver tant que je ne sais pas m'en lasser
tu es peut-être comme une drogue j'ai déjà dit ça oh ville
j'ai déjà dit oh ville que tu serais une drogue
la drogue à radoter plutôt qu'à prendre par le nez
la défonce de répéter la défonce de répéter
ça sonne grossier comme ce que c'est oh ville
oh radieuse bourgade
et cité cécité pour citer l'autre excité
si jamais c'était
tombé dans l'oreille d'un sourd auquel il faudrait
répéter

ne t'en lasses-tu pas oh ville
ce qui ne m'a jamais lassé oh ville ce qui me fascine encore
c'est de te regarder te lasser de moi
c'est de te voir t'être lassée de moi oh ville
par miettes ou par étages ou par vaguelettes et flaques
par quelque chose de petit, de discret, de totalement dévastateur et cependant d'une douceur pernicieuse et incongrue
oh peut-être le temps tout simplement
bien que tout simplement ne ressemble ni à toi ni à moi oh ville
c'est comme un contrat qui se serait
ce que font les contrats, scellé par huissier
où tu m'ignorerais et moi te chanterais
oh sole mio oh ville mio I want to be a part of it

Oh ville, oh ville je m'en voudrais d'attirer ton attention
je t'en demanderais pardon si ça arrivait
je n'aspirais qu'à te regarder
merder, être triste et admirer des cons
et t'admirer qui merde tristement en admirant des cons
et je suis tombé absolument sous le charme de ton
opacité
et je me révèle le prétendant le plus opaque qui soit à nul ne sait quelle municipale opacité
le voyeur aveugle de ma cité cécité
au cas où vous l'ayez manqué
et mieux je comprends tout ça et plus je suis seul ça va de soi
plus j'aime ça
moins j'ai d'amis mais
ça va - bien que je ne crois pas t'avoir jamais entendue me le demander, oh ville aimée,
si ça allait.




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